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Une explication très complète et didactique sur les privilèges, le racisme, le racisme ordinaire, la fragilité blanche…
L'antiracisme est un combat de longue durée, qui va de pair avec l'engagement républicain : nous devons être antiracistes par universalisme, universalistes par antiracisme, citoyen·nes français·es pour qui la république est à tout le monde. […] l'universalisme, s'il n'est qu'un privilège de l'ancienneté, n'est qu'un communautarisme de la majorité.
[…] L'universalisme doit être postcolonial autant que l'antiracisme doit être républicain. Cette double exigence ouvre un questionnement critique qui vise à mettre en lumière le lien entre les blessures du passé et les convulsions du présent dans le but de bâtir un avenir commun.
[…] En France, l'opposition stérile, tendancieuse et superficielle entre antiracisme et universalisme cessera d'être nécessaire le jour où les Blanc·hes n'auront plus peur d'être remplacé·es. Ce jour-là, universalisme antiraciste et antiracisme universaliste seront devenues des tautologies. Nous serons pour de bon en république.
Cette conception d’un universalisme aveugle aux différences renforce le privilège blanc consistant à ne pas voir le racisme. Bell hooks, intellectuelle états-unienne (dont il semble que les livres ne soient pas traduits en français), écrit :
« Les personnes blanches, quand elles passent individuellement du déni de la race à la conscience de la race, prennent soudainement conscience du fait que la culture suprémaciste blanche encourage les blanc·he·s à nier leur compréhension de la race, à revendiquer comme composante de leur supériorité le fait d’être au-dessus d’une réflexion sur la race. »
Car le privilège blanc sert aussi à se sentir moins raciste que les personnes racisées : « Je ne vois pas la race donc je ne suis pas raciste », peut-on être tenté·e de penser, quand la réalité serait davantage : « Je ne vois pas la race parce que je ne suis pas racisé·e. »
Aussi il me semble capital de le répéter: personne n'est jamais contraint·e de s'engager dans un débat. Nul n'a l'obligation de mettre en péril sa santé mentale dans le cadre d'échanges qui peuvent affecter psychologiquement.
[Marie Dasylva] leur recommande de ne pas consacrer plus de 300 secondes par jour à « parer les interactions racistes, sexistes, validistes » – c'est-à-dire qu'elles ne doivent pas répondre à « l'injonction de pédagogie des dominants » plus longtemps que cette durée.
Un essai jouable sur la forme que prend une société
Le problème n’est pas de se signaler « mais moi je n’ai jamais tué personne » comme ils disent « mais moi je ne suis pas un violeur ». Car le privilège, c’est avoir le choix d’y penser, ou pas. Je ne peux pas oublier que je suis une femme. Mais je peux oublier que je suis blanche. Ça, c’est être blanche. Y penser, ou ne pas y penser, selon l’humeur. En France, nous ne sommes pas racistes mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix.
Ah ben ouais faut pas pousser quand même. Tabasser du maghrébin, les flics savaient déjà que c'était mal. Maintenant ils vont devoir en plus déterminer son niveau d'études pour pas qu'il n'aille cafter à Libé...