Daily Shaarli
June 19, 2020

Cette conception d’un universalisme aveugle aux différences renforce le privilège blanc consistant à ne pas voir le racisme. Bell hooks, intellectuelle états-unienne (dont il semble que les livres ne soient pas traduits en français), écrit :
« Les personnes blanches, quand elles passent individuellement du déni de la race à la conscience de la race, prennent soudainement conscience du fait que la culture suprémaciste blanche encourage les blanc·he·s à nier leur compréhension de la race, à revendiquer comme composante de leur supériorité le fait d’être au-dessus d’une réflexion sur la race. »
Car le privilège blanc sert aussi à se sentir moins raciste que les personnes racisées : « Je ne vois pas la race donc je ne suis pas raciste », peut-on être tenté·e de penser, quand la réalité serait davantage : « Je ne vois pas la race parce que je ne suis pas racisé·e. »

Aussi il me semble capital de le répéter: personne n'est jamais contraint·e de s'engager dans un débat. Nul n'a l'obligation de mettre en péril sa santé mentale dans le cadre d'échanges qui peuvent affecter psychologiquement.
[Marie Dasylva] leur recommande de ne pas consacrer plus de 300 secondes par jour à « parer les interactions racistes, sexistes, validistes » – c'est-à-dire qu'elles ne doivent pas répondre à « l'injonction de pédagogie des dominants » plus longtemps que cette durée.